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Differdange : le Science Center ou la grande nébuleuse


Nicolas Didier apparaissait confiant et serein pour l’année à venir. Le conflit d’intérêts qui se pose dans la gestion du LSC lui semble étranger. (Photo : archives lq/tania feller)

La success story que connaît le Science Center depuis sa création en 2017 est ternie par les révélations sur la gestion de cette ASBL. Au centre du scandale, Nicolas Didier, son président.

Il y a trois mois, le président du Luxembourg Science Center (LSC) de Differdange, Nicolas Didier, se félicitait des 65 000 visiteurs accueillis l’an dernier, dont 42 000 visiteurs particuliers, trois fois plus qu’en 2019. «Le bouche à oreille fonctionne très bien pour nous», soulignait le directeur, satisfait, qui s’attendait à une année 2023 prometteuse. C’était juste avant que n’éclate la vérité sur le fonctionnement de cette infrastructure qui, depuis sa création, en 2017, a bénéficié de 22,8 millions d’euros de subventions du ministère de l’Éducation nationale.

Le fondateur du LSC, Nicolas Didier, est aussi le gérant d’une société privée GGM 11, en charge d’équiper le centre et d’y construire les différentes stations. Un gros problème de conflit d’intérêts s’est posé, en plus d’une gestion financière des plus floues entre les mains du seul Nicolas Didier. L’enquête édifiante publiée début mars par Reporter.lu a fait sursauter tous les partis politiques qui ont inondé le gouvernement de questions parlementaires dont certaines sont encore en suspens.

Une subvention de 3 millions d’euros en janvier

Cela fait des années que le président du LSC se balade entre sa résidence new-yorkaise et sa chambre d’hôtel à Lasauvage et qu’il charge sa société privée GGM 11 d’équiper la structure de Differdange, en plus de payer ses déplacements entre les deux continents, nuitées comprises. Comme cela ne suffisait pas, c’est aussi sa société qui s’occupe d’une partie de la gestion administrative du LSC en plus de la maintenance des stations. En résumé, la société privée de Nicolas Didier n’a d’autre client que l’ASBL Science Center qu’il préside et pour laquelle le ministère de l’Éducation nationale a encore versé une subvention de 3 millions d’euros en janvier dernier, selon les informations de Reporter.lu.

Ces informations surprenantes parviennent pourtant dès septembre dernier au ministère de l’Éducation nationale qui découvre, par la même occasion, que le LSC ne possède pas la propriété intellectuelle des stations payées grâce aux subventions. Jusqu’à présent, les contrôles effectués n’avaient rien révélé d’anormal. Les factures correspondaient au matériel commandé et livré, il n’y avait pas grand-chose à ajouter. Sauf peut-être le prix exorbitant de certaines stations expérimentales, de l’ordre de 30 000 euros qui ne seraient pas justifiés. Le président affirme le contraire à nos confrères de Reporter.lu.

Un audit dès 2021

Au sein du conseil d’administration, les réunions se suivent et se ressemblent, on se gargarise du succès du Science Center et on aborde très peu les finances. Pourtant, la Fondation Losch a demandé un audit en mai 2021 avant de verser 10 millions d’euros pour l’extension du centre. Ses conclusions ne sont pas parvenues jusqu’aux membres du CA et c’est dommage, car les recommandations étaient claires. Elles alertaient sur le conflit d’intérêts qui pouvait couler l’ASBL, vu qu’elle risquait de perdre ses subventions. Visiblement, Nicolas Didier n’a pas communiqué l’audit au CA, en tout cas pas à tous les membres, selon RTL Radio.

Ceux, parmi les salariés qui ont essayé d’alerter les membres du CA ont été soit licenciés ou ont démissionné. C’est d’ailleurs à ce moment que certaines pratiques ont été révélées, comme les factures de maintenance des stations expérimentales de l’ordre de 60 000 à 80 000 euros par mois. Un ancien salarié qui a introduit un recours contre son licenciement accuse la société GGM 11 d’avoir une mainmise toujours plus grande sur le Science Center.

Un déficit de 1,5 million d’euros

Ils étaient peu nombreux à savoir que Nicolas Didier touchait un salaire de 16 000 euros mensuel pour son poste de président de l’ASBL Science Center en plus des quelque 5 500 euros par mois qu’il se versait via sa société GGM 11. Cette dernière accuse d’ailleurs un déficit de 1,5 million d’euros.

Le président du LSC et patron de GGM 11 ne voit pas de conflit d’intérêts dans la mesure où il déclare ne pas s’être personnellement enrichi. Ce n’est pas ce que pense le salarié qui conteste son licenciement.

Il faudra attendre le rapport que l’Inspection générale des finances doit remettre au ministère de l’Éducation nationale sur la gouvernance du LSC pour y voir plus clair dans ce flou savamment orchestré par Nicolas Didier.

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