Logo vl

Logement

La gestion locative sociale ne convainc pas totalement

Présentée par le gouvernement comme un instrument clé pour la mobilisation des logements inoccupés et pour permettre l'accès au logement à prix abordable pour les ménages à revenus faibles, la gestion locative sociale gagne du terrain mais reste perfectible selon certains partenaires de terrain.

Frank Dimmer, Andrée Birnbaum, Lynn Elvinger et Henri Kox.
Frank Dimmer, Andrée Birnbaum, Lynn Elvinger et Henri Kox. © PHOTO: Megane Kambala

Le concept de gestion locative sociale (GLS) a été mis en place en 2009. Au centre de l'initiative, deux objectifs majeurs: mobiliser les logements inoccupés, et permettre aux ménages à faibles revenus d'avoir accès à la location, dans une démarche de lutte contre l'exclusion sociale.

Lire aussi :

Un dispositif qui peut aussi bien être mis en œuvre par les communes, qu'un syndicat de communes, un office social, une fondation, une ASBL, ou encore une société d'impact sociétal ayant pour objet la promotion du logement ou les promoteurs sociaux.

Ces acteurs signent alors une convention de collaboration avec le ministère du Logement et louent ensuite des logements appartenant à des propriétaires privés, moyennant plusieurs avantages pour ces derniers, tels que le loyer garanti, l'encadrement de l'occupant par les partenaires du ministère, la possibilité de récupérer son bien rapidement en cas de besoins personnels et l'entretien du logement; sans oublier un taux d'exonération fiscale à hauteur de 50% sur les revenus locatifs nets.

En échange de ces avantages, le ministre du Logement Henri Kox (déi gréng) précise qu'«en moyenne, les loyers payés aux propriétaires se situent entre 30 et 40% en dessous des loyers du marché».

La présentation du bilan des cinq dernières années a d'ailleurs été l'occasion pour le ministre Kox de se réjouir et d'annoncer une future augmentation significative du taux d'exonération fiscale de 50 à 75% pour les propriétaires; mais aussi une dotation budgétaire de 2.500 euros par an par logement pour les communes participantes.

«Les presque 1.200 logements en 'gestion locative abordable' représentent autant de logement abordables et de familles secourues. Merci aux propriétaires solidaires qui ont fait le choix d'un revenu locatif bien inférieur au prix du marché pour venir en aide à des ménages ayant des difficultés à se loger.»

La subvention de loyer, pomme de discorde

Néanmoins, certains acteurs de terrain présents lors de la présentation du bilan plaident pour des aménagements supplémentaires. C'est notamment le cas pour Lynn Elvinger d'AIS Kordall, l'agence immobilière sociale Kordall (AISK), qui est un service du syndicat intercommunal Kordall (SIKOR) regroupant les quatre communes de Differdange, Käerjeng, Pétange et Sanem.

Selon elle, la principale revendication à considérer concerne l'ouverture de la subvention de loyer aux familles bénéficiant d'un logement en GLS. A l'heure actuelle, seuls les ménages à revenu modeste dépendant d'un bailleur privé «classique» peuvent demander une subvention de loyer au Luxembourg.

Lire aussi :

Le montant mensuel de cette aide financière varie entre 200 et 400€ selon la composition et les revenus du ménage. L'impossibilité pour les familles logées en GLS d'y prétendre constitue un manque que ces dernières vont combler en ayant recours aux offices sociaux. Finalement, il s'agit d'une sorte de cercle vicieux, sachant qu'à terme, les partenaires conventionnés par le ministère doivent accompagner les familles pour qu'elles puissent se loger dans le circuit traditionnel.

Lynn Elvinger a tenu à rappeler que les familles bénéficiaires d'un logement conventionné sont bien souvent des familles monoparentales avec deux ou trois enfants, avec pour la plupart un salaire minimum pour vivre. L'ouverture de la subvention de loyer à ces familles leur permettrait «de bien vivre, surtout compte tenu de l'explosion des prix de l'énergie et de l'inflation».

Un constat avalisé par Andrée Birnbaum de Femmes en Détresse ASBL et Frank Dimmer de l'Office social Resonord.

Bien qu'attentif à ces témoignages, le ministre du Logement a pour sa part écarté cette possibilité, mettant en avant «l'enveloppe allouée pour la GSL, déjà bien conséquente». Pour Henri Kox, permettre à ces familles d'introduire une demande de subvention de loyer «reviendrait à payer deux fois pour un même dispositif en faveur des ménages à revenus modestes».

Pourtant, l'augmentation du nombre de partenaires conventionnés (39 en 2022 contre 8 en 2016) ne laisse que peu de place au doute: la précarité en matière de logement ne cesse de gagner en ampleur au Grand-Duché. Et il est loin d'être acquis que le deuxième marché du logement prôné par le ministre du «logement pour tous» pour suivre une démographie exponentielle et un marché privé aux prix exorbitants soit opérationnel dans un futur proche...

Sur le même sujet